Il est profondément rassurant de savoir que des groupes comme les Wampas existent en France. Quoique le pluriel soit ici peu adapté, tant les 5 garçons constituent un groupe unique. Menés depuis 1983 par Didier Wampas, un allumé incurable entre Christophe électrocuté et punk halluciné, ils conjuguent le rock?n?roll au présent de l?inconditionnel. Il y a dans les textes du chanteur, dans sa façon de lâcher les mots avec une rage adolescente et spontanée, plus de sincérité que chez les trois quarts des apprentis et prétendants du sérail hexagonal. Quant à leur musique, elle fonctionne au premier, second et vingtième degré. Avec d?abord cette énergie vitale de chaque riff ("Le Télégramme de Brest", "Comme Un Kényan"), les guitares comme au défilé, entre les mains d?un ex-Dogs (Philippe Almosnino) et d?un ex-Mano Negra (Joseph Dagran). On pourra parler de punk si l?on veut, pour le côté Banzaï de l?ensemble ("Little Daewoo", et son refrain Beach Boys amphétaminés). Mais les Wampas jouent ni plus ni moins un rock?n?roll inaltérable, et rien ne fera jamais de ces garçons des mutants de l?electro. Le titre de l?album ne laisse aucun doute là-dessus. Neuvième disque du plus grand groupe français des années 90 et au-delà, "Never Trust?" dit bien plus de choses que semblent le laisser entendre ces chansons faussement naïves. Notamment que les éternels 3 accords (avec un accord mineur ici ou là, pour les ballades comme "Liste de droite", délectable !) ont la vie devant eux. À condition que les Wampas continuent de penser que Charles Trenet et les Ramones sont des frères de sang. Et on peut parier que ça, ça va durer. --José Ruiz